MENIPEE
HELOÏSE LEGEARD & ELIOT LELIEVRE
Lanvéoc nous évoque pullulement au sein duquel les marins
bourdonnent, préparés à défendre. Notre démarche tend vers la création d’une
structure naissant d’un processus protocolaire et cyclique. Les vagues l’érodent,
elle reste cependant immuable par l’action de ses agents. Seule une partie est
visible grâce à ses cavités extérieures, bâtiments militaires abandonnés dans
le paysage. Un lien se crée ici avec la ville et ses habitants. Le reste se
passe en souterrain, au moyen de tunnels, grottes, alvéoles abritant le secret.
L'école Navale de Lanvéoc, fourmille, bourdonne. Là, tous
s'affairent, vont et viennent selon une logique qui nous échappe ; comme une
colonie d’agents, où l'intelligence collective prime sur l'individuel. A l'image de cet écosystème foisonnant, cette armée d'agents
mécaniques se lance à l'assaut de lieux stratégiques de la rade de Brest,
œuvrant collectivement et inlassablement, action après action, contribution
après contribution, à un même dessein. C'est ainsi, sous leur danse, qu'une
matière organique faite de vase, de coquillages broyés, de sable ou d'algues colonise,
recouvre, bouche, et colmate progressivement des lieux impossibles et
fantasmés. Cette matière, aussi bien opaque que translucide, solide que
friable, rugueuse que visqueuse, constitue un agrégat, qui, esquisse sous la
surface de l'eau la silhouette de ce qui semble être une digue. Cette forme
grandissante relira à terme différents amers, totems métalliques, qu’on
croirait presque onduler lourdement sous l’effet des vents. Il s'agit des
reliquats des anciennes frégates alors patrimonialisées qui abritaient,
échouées, le port du Poulmic.
Monument
IA et expérimentations de bétons marins
Tout commence donc
à l'arrivée dans l’école navale de Lanvéoc, là ou cinq frégates vestiges d’un
monde de guerre, aujourd'hui brise-lames abritant le port, accueillent les
bateaux arrivants. Que faire de ces bateaux ? Et surtout comment remplacer la
fonction qu’ils entretiennent ? Ce projet tente de répondre à ces
problématiques en se frayant une voie entre la rigueur militaire et la poésie
des sédiments marins.
Une réflexion se
porte alors sur la matière : cette vase, boue marine arrachée aux profondeurs
lors du dragage de la rade de Brest, présente en grande quantité, que ce projet
veut valoriser. La fabrique de la Ménipée émerge, implantée à la lisière de la
base et du territoire civil, c’est un lieu de lente métamorphose. Elle permet
de stocker cette vase, de la transformer, d’en faire sécher les briques
produites pour les exporter.
À l’intérieur,
une ancienne cheminée de bateau abrite la machinerie. La matière est filtrée,
pressée, mélangée, enrichie de coquillages broyés. Puis, elle est façonnée,
séchée, et devient unité constructive. Chaque brique conserve la mémoire de son
origine marine, de sa transformation artisanale, de son contact avec l’air, le
sel, le temps.
Les coques des
frégates sont à la base des géométries simples et imposantes des nouveaux
brises lames, créés à partir de l’agencement de ces briques.
Cette fabrique,
en activité quelques mois par an, se transforme ensuite. Elle devient lieu
d’accueil, de fête, d’appropriation. Un équipement poreux, habité, réversible.
Une passerelle entre deux mondes. Une architecture qui parle d’empreinte, de
résilience, et d’avenir.
Valorisation des rejets de dragage de la rade, centre nautique de Lanvéoc
Profil sur les Ducs d’Albe, acheminement de la matière
Géométraux
Brise-lames, briques de dragage sur coques des bateaux gris IA
Hyper-archive IA
Prototype