BRUMES STRUCTURELLES
LAURA BOUGEARD & TUDGUAL VINET
Semblant surgir des fonds marins, les reliefs rouillés des
brise-lames sont le substrat d’un imaginaire qui vient limer l’antinomie de
l’échouage et de l’échouement, et réinterroger le caractère hors d’air d’une
épave. La dissimulation mécanisée des surfaces côtières par une brume
artificialisée pose un voile de pudeur sur la cité des nomades de la mer et un
écran de perdition pour les non-initiés. La boîte à brume prototypale, alimentée par l’énergie
solaire, se place comme une balise disséminée dans les courants, guidant les
marins à leur perte. L'agglomérat de coques échouées forment un récif nouveau
qui opère un retournement sur la notion d'(e) (s')échouer.
Dans la rade de Brest, nous imaginons un système de défense
par perte de repères, orchestré par la génération de brumes épaisses et
flottantes. Échappant à la matière tout en la suggérant, ces "brumes
structurelles" occupent stratégiquement le paysage, occultant les repères
choisis. Les infrastructures, alimentées par l’eau de mer vaporisée, s'appuient
sur des surfaces métalliques destinées à capter lentement les dépôts minéraux.
Organisés en maillages d’appareils appelés "brumeurs", ces
dispositifs, tantôt embrumés tantôt dégagés, rythment le territoire d’une
temporalité instable. L’alternance des états invite à une lecture incertaine du
paysage, entre mirage lointain et matérialité révélée.
Références
Processus
Brumeurs
Brumes structurelles est un projet qui prend pour matière
première un phénomène insaisissable : la brume. À la fois météorologique et
symbolique, elle trouble les repères, efface les lignes du paysage, nourrit les
imaginaires marins. Dans le folklore breton, elle évoque à la fois le naufrage
et l’accès à des mondes invisibles. Ici, elle devient matière d’architecture,
vecteur de fiction spatiale.
Le projet propose l’artificialisation de la brume dans la
rade de Brest. Il ne s’agit pas de simuler un phénomène naturel, mais de
concevoir une stratégie de dissimulation active. Le paysage n’est plus donné à
voir, mais à déchiffrer. À la manière des anciens naufrageurs, les brumeurs
effacent les balises, inversent les points de repère, fragmentent la lisibilité
du territoire. Seuls ceux qui en maîtrisent les codes peuvent en reconstruire
le sens.
Les brumeurs, dispositifs de diffusion fine, sont implantés
à des endroits clés : sur des amers, sur des plateformes habitables, à
proximité de l’École navale de Lanvéoc. Alimentés en eau de mer, ils produisent
une brume dense et mouvante qui sculpte l’espace. Leur structure est composée
de métal recyclé — notamment d’anciens brise-lames — portant en eux la mémoire
matérielle du site.
Cette architecture ne construit pas des formes fixes, mais
des situations atmosphériques. Elle fabrique un territoire instable,
évanescent, dont les contours apparaissent et disparaissent au gré de
l’humidité. Un espace ambigu, presque secret, qui se donne à lire par
fragments. Un paysage crypté, ouvert à ceux qui acceptent de se perdre, ou de
regarder autrement.
Matérialités IA, obstructions salines virtuelles et physiques
Anamorphoses
Rationalisation du dispositif
Terrasses promenades
Hyper-archive IA
Fragments