LA NEF
LEANDRE GUEGUEN & AXEL TASTARD
C’est une famille de doudoux en mousse rose et autres
éléments. Chacun d’entre eux est une déclinaison de l’autre et possède une
appellation caractéristique et chimique (exemple : sautilleur ou M-9Ag2Mp(9-1)P2R).
Une fois dans l’eau, leurs personnalités se révèlent, le renifleur,
l’éclaireur, le sautilleur pataugent plus ou moins maladroitement. La position
d’équilibre dans l’eau est pleine d’ambiguïtés. Nous nous méprenons, ne
discernant plus le léger du massif. La pesanteur nous joue des tours et quand
la houle s’en mêle, l’équilibre précaire de ces corps flottants dérive, balance
et vibre mais ne disparaît jamais.
Modèles hydrodynamiques
Sériations
Depuis que les brise-lames ont quitté le rivage de l’Ecole
Navale, ses façades, intimidées, réclament leurs contours. Voici le nouvel
arrivant. C’est un navire morcelé puis recomposé, ou bien une muraille qui
s’est arrachée pour flotter. Les mâts se succèdent, des repères dissimulés sous
leurs longues capes blanches. Leurs silhouettes sont celles de leurs
prédécesseurs, le métal transparaît derrières ces voiles qui ne disent pas
leurs noms. Puis elles s’ajournent et révèlent la carcasse soigneusement
retournée.
Références
Robert Venturi - De l'ambiguïté en Architecture (1995)
Milan Kundera - L'insoutenable légèreté de l'être (1984)
Auguste Rodin - Étude de robe de chambre pour Balzac (1897)
Composition processuelle, réemploi des brises-lames actuels
Le projet s’ancre à l’entrée du site par la présence monumentale du brise-lame, à la fois seuil et écran. Il dissimule partiellement l’École Navale et imprime une forte première impression au visiteur. Plus qu’une infrastructure, il devient une cloison maritime, essentielle à l’hétérotopie du lieu. En écho aux nombreux cimetières navals de la rade, comme celui de Landévénec, le projet exploite deux gisements d’épaves pour concevoir une architecture de réemploi.
Le paradoxe du brise-lame — flottant mais massif — alimente une recherche sur la relation ambiguë entre poids et légèreté. Les coques renversées et les IPN récupérés sont assemblés pour former une structure hybride : un parcours entre deux parois, plus ou moins ajourées selon le vent, couvertes d’écailles métalliques mobiles. Ces écailles, rouillées par le temps, filtrent la vue et dévoilent la rade de manière fragmentaire et mouvante.
Alignée entre la chapelle et Pen ar Vir, l’architecture propose un double itinéraire : l’un militaire, l’autre civil. À travers un rituel en cinq étapes, chaque visiteur décroche une écaille, la nettoie, la marque de cendres d’algues brûlées — une tradition bretonne — puis la vernit avant de la déposer. Les écailles des civils rejoignent la chapelle, dont l’intérieur se pare peu à peu d’une coupole sacrée. Celles des militaires encerclent Pen ar Vir, rocher surmonté d’une enveloppe métallique en spirale.
La structure, locale et autosuffisante, convoque l’imaginaire du navire, de la voûte et du sanctuaire. Elle redéfinit l’accès au site et instaure un parcours sensible, mémoriel, entre l’ombre du passé naval et la transmission de gestes rituels. Sous les brise-lames, une architecture sacrée émerge, faite de fragments, de rouille et de vents.
Sentier flottant
Processus de traitement de l’ardoise métallique
Géométraux et ex-votos, de la Chapelle à Pen Ar Vir
Hyper-archives IA
Fragments