LIMES FOSSILE
TIM LESELLIER & PAULIN MICHEL
Explorations liminaires :
Deux directions ont été prises.
D’une part le développement un mécanisme complexe,
difficilement déchiffrable, qui est à la recherche d’une volonté dans un
paysage que lui-même ne comprend pas. Un nexus central d’un monde gigantesque. D’autre
part, la formalisation d’une entité hybride. Errant à la recherche d’une
position, cet explorateur tente de trouver sa place dans un environnement
marin, et de la maintenir malgré la houle et le vent, divaguant entre amer et
navigateur. S’en est suivie une séquence de déformation et d’animation
ayant pour but de questionner le rôle de l’amer, du site qui l’accueille et des
fonctions qui y prennent place au fil du temps et des acteurs qui
l’investissent.
Le point de départ du projet est l’intérêt porté sur les
épaves, ces objets perdus dans les fonds marins constituant néanmoins un
support précieux pour le développement des espèces sous-marines. L’enjeu est de respecter l’équilibre entre trois entités :
la Marine, la biodiversité marine et la commune de Lanvéoc. Dès lors, les
intentions développées portent sur l’aménagement d’un territoire à destination
des espèces animales, assurant dans le même temps la fonction de l’objet brise
lame indispensable pour le port de l’Ecole Navale de la Marine. Les frégates sont la ressource primaire de l’intervention
proposée. Désossées, une partie de leurs pièces est utilisée pour former ces
mégastructures, tandis que le reste est offert comme objet de mémoire à
Lanvéoc, se liant avec les plots, enrichissant l’imaginaire de ce paysage
côtier.
Sériations : extraction, 3D prints, accrétion
Principe de l’électro-accrétion
Le projet prend racine dans une exploration cartographique
des épaves de la rade de Brest. Ces objets immergés, vestiges d’activités
passées, se sont révélés être de véritables catalyseurs de biodiversité,
agissant comme des récifs artificiels. Partant de cette constatation, nous
avons orienté notre réflexion vers une architecture non pas destinée à
l’humain, mais pensée pour les organismes marins. L’enjeu a été de concevoir
une structure répondant simultanément à des logiques de biodiversité,
territoriales et militaires.
Notre intervention se matérialise sous la forme d’un nouveau
territoire immergé, une île artificielle de 500 mètres de long agissant comme
brise-lame pour protéger le port militaire de Lanvéoc. Elle se développe selon
une trame alignée avec les amers existants et s’inscrit dans la continuité des
dynamiques navales du site. L’île n’est accessible ni habitable par l’humain :
elle est conçue comme une réserve active, un refuge pour les espèces marines,
favorisant leur implantation par sa matérialité et sa porosité.
La structure s’appuie sur la technique d’accrétion minérale,
inspirée des recherches de Wolf Hilbertz. En utilisant des fragments
métalliques issus des frégates désossées, elle se minéralise progressivement
grâce à un faible courant électrique, créant un substrat propice à la fixation
d’organismes. Ce processus, amorcé artificiellement, se prolonge ensuite
naturellement.
Le chantier naval de Lanvéoc devient le centre opérationnel
de recherche et de production. Il est agrandi pour accueillir une halle de
fabrication, lieu d’assemblage des modules et de recherche sur les matériaux.
Par sa dimension territoriale, le projet engage Lanvéoc dans une nouvelle
temporalité de reconversion navale qui pourra aller au-delà de l'objet
brise-lame produit pour la marine, en se répendant dans toute la rade de Brest.
Rationalisation de la matérialité
Mise en oeuvre et assemblages de sections hétérogènes
Implantation sur les Ducs d’Albe et lieu de production à Lanvéoc
Récif-biome à l’Ecole Navale
Hyper-archive IA
Fragments