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ENSA de Bretagne @ensa_bretagne

Domaine d’étude de master Instrumenter
Semestre 8

Coord. Eglantine Bigot-Doll
Laboratoire MAP-Aria /associée GRIEF eglantine.bigot-doll@rennes.archi.fr
@eglantine_bdoll



PAGES

PRESENTATIONJOURNAL

JEAN BOSSARD & MARIE BRIN
LAURA BOUGEARD & TUGDUAL VINET
AUDEN DELEUZE & CHRISTOPHE DUMOULIN
LEANDRE GUEGUEN & AXEL TASTARD
SCHEUNG-HENN JAUNG
HELOÏSE LEGEARD & ELIOT LELIEVRE
TIM LESELLIER & PAULIN MICHEL
MAÏLE PATEA
ELINA RICHARD & LISA SIAUDEAU









PAYSAGE MOBILE


MAÏLE PATEA

Il y a des choses qui marquent lors d’une première rencontre. Pour s’en défaire on s’essaye à créer des formes, des images fallacieuses à partir d’IA pour voir ce que l’indétermination peut produire, provoquer et changer dans ces impressions. Les générations texte-image, image-image et texte+image-video ont mis en évidence que l’IA reproduit constamment un élément saillant de l’image ou du prompt de référence. Se pose alors la question de ce qui est identifiable et du rôle d’amer que peuvent avoir ces caractéristiques pour l’IA. La recherche menée tend vers une forme d’esthétique, vers quelque chose de l’ordre du précieux.


Arrivée sur site,
La première chose qui me frappe ce sont les brise-lames 
Par leur masse 
Leur aspect
Les années qui les habillent
La seconde c’est la mer
Une étendue d’eau
Celle autour de laquelle on construit, on gravite, on navigue
Et puis il y a ces plots de béton à Lanvéoc
Lourds
Ordonnés
Parfois même alignés

Alors me voilà à dessiner des trames, des alignements 
Tout cela afin de  
Révéler
Souligner
Assombrir 
Occulter 
Des portions du paysage 
À chercher ce que pourrait être cet objet flottant
Celui qui viendrait remplacer les brise-lames...





Alignements et moirés


Oxymores et sériations

En partant de Lanvéoc, si l’on se dirige vers l’Est
On tend vers l’école navale 
La rue du Poulmic
Courbe 
Mène au lieu-dit Kertanguy 
Auquel succèderont Penzer et Kerguéron
Nichée après les derniers établissements humains 
Après la végétation luxuriante et épaisse 
Au bout d’un sentier tortueux,
La mer apparaît

Les coordonnées GPS indiquent Pen Ar Vir
Traduit du breton « la pointe à virer » 
Cette appellation intrigue par sa simplicité
Elle énonce le rôle d’amer qu’a la pointe pour les marins 
C’est en ce lieu, ou plutôt par sa présence dans leur champ de vision 
Qu’ils peuvent déterminer la manœuvre à opérer
Dans ce cas-ci, quand virer 
A tribord ou à bâbord

Chose plus étrange encore, une structure y a été érigée
Pour y faire…
On ne sait quoi
Alors, s’approchant de l’édifice
On commence l’ascension qui
Arrivé en haut des marches ne mène…
Nulle part
Nulle part d’autre que sur la vue, son cadrage

Prenant de la hauteur, 
On aperçoit désormais une masse, 
Peut-être des objets, 
Qui dessinent des formes sur l’eau
Le motif apparent suit le rythme paisible des vagues



En arrivant par l’entrée principale de l’école navale de Lanvéoc,
Si l’on suit la route bitumée,
Un parking fait face à l’ancien réfectoire
Il faut alors dépasser ce futur ancien bâtiment pour rejoindre la rangée d’arbres
Alignés, 
Ils habillent fièrement le sommet du talus qui sépare la partie haute des infrastructures en contre-bas
L’on devine l’horizon et la mer s’esquisser derrière la cime des arbres

Une structure
Similaire à celle présente à Pen Ar Vir
Pointe le bout de son nez entre les feuillages
Cette fois-ci encore, une vue est mise en avant 
Différente, elle raconte autre chose
Il est dorénavant possible de distinguer une multitude de petits objets 
Qui viendraient comme « parer » l’étendue d’eau

Ces tâches de faible hauteur n’empêchent pas la lecture du paysage qui se profile derrière

Une fois le talus descendu, le gymnase dépassé, le bâtiment Orion contourné
On accède à la place d’armes
Un élément notable apparait :
Une nouvelle structure 
Celle-ci, ne s’élève pas comme les autres
Proche du sol
Elle met en évidence un alignement

On comprend alors que les objets non identifiés jusqu’alors se révèlent être des pierres
Des blocs de granit même
Étonnant spectacle que de voir des rochers flotter !

Plus étonnant encore, il semblerait que ces rochers soient là pour protéger quelque chose
Des vagues, de la houle, des gens ?
Mais que protègent-ils donc ?
Promenant le regard, il semblerait qu’ils convergent tous dans une même direction : 
La chapelle !


Au lieu des épaves de navires, surgissent des pierres flottantes.
Le projet répond à une commande claire : remplacer les anciens brise-lames du port militaire de l’École navale de Lanvéoc, situé sur la rade de Brest. Partiellement protégé par la baie, ce port requiert une alternative technique et sensible pour se défendre de la houle.



Ce qui marque d’abord, c’est la présence massive des anciens brise-lames. Leur forme, leur ancrage, leur charge visuelle ont laissé une forte impression. Le projet en reprend l’essence : faire flotter une masse. Cette intuition structure l’ensemble des recherches — géométriques, matérielles, techniques et paysagères.


Chaque module flottant est composé d’un bloc de granit (Ø 1,3 m, h. 0,7 m), matériau robuste et historiquement lié au territoire : menhirs, remparts, quais militaires. Il résiste aux agressions marines et conserve sa forme dans le temps. Ce bloc est fixé sur une demi-sphère d’inox renfermant un réservoir d’air : une jupe immergée de 1,5 m crée une poussée d’Archimède suffisante pour porter le granit. Le système est renforcé par une plaque de répartition, des ancrages au sol et des câbles souples, permettant une disposition en réseau quinconces, dissipant l’énergie de la houle.

Au-delà de la fonction, le projet assume une précieuse étrangeté. Comme des balises, ces pierres flottantes tracent des alignements — structures sans fonction apparente si ce n’est d’ouvrir des vues, de souligner un point de fuite. À l’échelle du paysage, elles offrent aux étudiants une nouvelle lecture de l’horizon.

Protéger, oui — mais par une présence silencieuse, sculpturale, presque cérémonielle. Une préciosité quelconque, née de la rencontre entre robustesse et poésie.